Entrepreneur autodidacte, fondateur du groupe Fayat, quatrième groupe des BTP en France devenu le premier groupe français indépendant de la construction, Clément Fayat passe de vie à trépas à l’âge de 90 ans dimanche dernier. Travailleur infatigable, admiré par tous, ce leader mondial en matériel routier a construit l’empire que l’on connait avant de confier il y a quelques années la direction à ses deux fils, Jean-Claude et Laurent.
L’homme laisse ainsi un empire présent sur les cinq continents dans 170 pays et les collaborateurs du groupe, près de 27 mille ont réalisé un chiffre d’affaires de 4,6 milliards d’euros en 2021.
Il recevra de son père Paul Fayat, maçon auprès de qui il acquiert ses premières compétences, une éducation rigoureuse mettant à l’honneur la valeur du travail et sa qualité d’exécution. Il quitte l’école très tôt, devient à l’âge de 15 ans un apprenti sur le chantier du barrage hydroélectrique de Chastang, à Corrèze construit sur la Dordogne. Il rencontre son épouse Germaine à Libourne, non loin de Bordeaux, lieu où il entreprend de bâtir le groupe qui porte son nom. C’est par l’activité des travaux publics que l’aventure de groupe Fayat démarre en 1957.
Né le 24 janvier 1932 dans une famille modeste, Clément Fayat acquiert sa première tractopelle et crée avec l’entreprise Vincent qui l’emploie la Société Nouvelle de Terrassement (SNT). A 25 ans il a déjà une solide expérience professionnelle de dix ans.
Aujourd’hui Fayat compte sept grands métiers : travaux publics, fondations, bâtiment, métal, énergie services, chaudronnerie et matériel routier. L’activité matériel routier est actuellement la principale source du chiffre d’affaires de Fayat à l’export, apparaît en 1987, avec le rachat de l’entreprise française Ermont et 1988 avec celui de l’entreprise italienne Marini, toutes deux conceptrices et productrices d’usines d’enrobés. Un nouveau cap est franchi en 1994 avec le rachat du groupe francilien Genest.
Acteur incontournable sur le gigantesque projet du Grand Paris, Fayat est également à l’origine de la réalisation de la Canopée des Halles et du musée du quai Branly, ainsi que du Terminal 2E de l’aéroport international Roissy-Charles-de-Gaulle. Sur le plan international on peut citer le barrage de Tabellout en Algérie ou encore le tunnel du Fréjus entre la France et l’Italie. Le groupe compte 24 sites de production de matériels routiers répartis à travers le monde, en Europe, Asie, et aux Amériques, dans les pays suivants, Etats-Unis, Brésil, Chine, Inde, Turquie, Allemagne, Suède, Royaume-Uni, Pays-Bas, Italie, France, dotés de départements en recherche et développement à la pointe des technologies et des enjeux digitaux et écoresponsables de demain.
Promu au grade de Commandeur de l’Ordre de la Légion d’Honneur en 2012, année de ses 80 ans, des mains d’Alain Juppé, alors maire de Bordeaux, Clément Fayat a adossé son admirable ascension à un ADN immuable : le respect des trois valeurs que sont l’audace, l’engagement et l’autonomie.
Il s’en va ainsi et laisse une fondation actionnaire reconnue d’utilité publique, qui entend contribuer à pérenniser le groupe et à préserver son indépendance. La Fondation Clément Fayat s’est donnée trois missions à savoir lutter contre les maladies neurodégénératives en participant à la recherche médicale, former des personnes les plus démunies, réhabiliter et rénover des monuments historiques.
Trois missions principales pour le géant des BTP qui vient ainsi de tomber mais qui avait à cœur de grands projets, un entrepreneur visionnaire qui rêvait d’inspirer les générations à venir mais qui a réussi surtout à passer le flambeau à ses deux fils Jean Claude et Laurent.