Le premier congrès africain sur le Bambou et le Rotin a ouvert ses portes ce 20 avril 2022 au palais des congrès de Yaoundé. Organisée par l’organisation internationale pour le Bambou et le Rotin (INBAR), la rencontre de trois jours a pour point focal : « Le bambou et le rotin comme moteur d’une économie résiliente et durable en Afrique, dans le contexte marqué par la dégradation progressive des ressources en bois d’origine naturelle et l’urgence de la lutte contre les changements climatiques ». Le Cameroun et le Bassin du Congo accueillent ainsi une quarantaine de pays pour manifester leur engagement international sur les questions climatiques et l’économie verte.
Le bambou graminée à croissance rapide, le rotin palmier grimpant à épines, peuvent fournir des solutions basées sur la nature à un certain nombre de défis mondiaux urgents, en tant qu’outils de réduction de la pauvreté, du commerce écologique, d’atténuation au changement climatique de construction résiliente et de protection de l’environnement. Il y a 1642 espèces connues de bambou, 30 millions de forêts de bambou dans le monde.
D’après Jules Doret Ndongo, ministre des Forêts et de la Faune du Cameroun (MINFOF), par ailleurs président en exercice de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) et président en exercice de l’organisation internationale pour le bambou et le rotin (INBAR), le bambou et le rotin sont, sur le plan économique, des leviers qui peuvent permettre lorsqu’ils sont bien exploités de créer les emplois : « Le bambou et le rotin permettent de lutter contre la pauvreté, d’améliorer les conditions et le cadre de vie des populations. Sur le plan environnemental et climatique, le bambou et le rotin séquestrent le carbone au même titre que la forêt, ils sont donc un élément stabilisateur du climat mondial, un élément fort dans la lutte contre les changements climatiques. Le Cameroun c’est 1,2 million d’hectares avec 15 espèces de bambou, 21 de rotin. Je pense que nous sommes bien partis pour exploiter ces ressources mais surtout aider notre pays à se développer ».
Le commerce mondial du bambou et du rotin vaut 60 milliards de dollars. En réalité le bambou et le rotin peuvent être des solutions stratégiques à certains défis auxquels le monde doit faire face.
Paulette Ebina Taraganzo participe à ce congrès africain de trois jours. Originaire de la République du Congo, la directrice de la Valorisation des Ressources Forestières au ministère de l’Économie Forestière au Congo compte promouvoir le bambou et le rotin en Afrique : « Je m’occupe des industries et de la transformation des produits forestiers non ligneux. Ma préoccupation est de voir comment promouvoir le bambou, le bambou existe au Congo, il existe en Afrique mais de quelle manière, il pousse d’une manière spontanée, naturellement, mais les populations ne se sont pas encore appropriées des méthodes de transformation de bambou. Le bambou est une plante alimentaire, il sert à lutter contre les changements climatiques, lutte contre les érosions, bref c’est une plante à multiples usages. Pour nous c’est de faire la promotion du bambou pour que les populations sachent que nous avons une alternative. Au lieu d’attendre 40 ans pour que nous ayons un arbre pour faire ce dont nous avons besoin, nous avons une alternative qui est le bambou, une plante à croissance rapide. Nous pouvons avoir le bambou en 5 ans, nous pouvons faire du bois de chauffe, nous pouvons faire du charbon de bois, plein de choses. C’est la raison pour laquelle nous sommes là pour nous approprier des technologies, voir comment nous pouvons accompagner nos artisans, nos populations parce que le bambou lutte également contre la pauvreté. Nous allons voir comment conjuguer nos efforts en Afrique, comment l’INBAR peut nous soutenir dans cette filière ».
Le congrès de Yaoundé est donc une étape importante pour l’Afrique dont la biodiversité exceptionnelle est soumise aux menaces de tous ordres. Ce continent qui abrite le Bassin du Congo, deuxième plus grand massif forestier du monde après l’Amazonie, est le théâtre d’une diplomatie verte qui renforce sa responsabilité dans la préservation et l’équilibre de la biodiversité mondiale.
Créée en 1997, l’INBAR est une plateforme composée de 48 membres. Avec plus de 40 de ses membres issus des pays du Sud, l’organisation internationale pour le bambou et le rotin joue depuis 20 ans un rôle essentiel dans la promotion de la coopération Sud-Sud. Elle œuvre à l’amélioration des conditions de vie de millions de personnes à travers le monde.
1 Comment