Rencontré non loin des locaux de la sous-direction mentale à l’hôpital Jamot, Jacqueline une habituée des lieux nous montre la chambre dans laquelle elle réside. Elle se réjouit des travaux qui sont faits pour le réaménagement des nouveaux bureaux de la sous-direction de la santé mentale et le site qui va abriter les personnes malades mentale récupérées dans la rue. Confidence.
« Je suis une ancienne malade du Dr Kamga depuis 2006. Quand je me sentais mieux, je retournai chez les miens. Mais une fois au quartier, dans mon environnement je recevais des insultes, on me traitait de sorcière, pourtant la santé mentale n’est pas la sorcellerie, c’est juste le surmenage. On soigne la santé mentale, ce n’est pas la folie. Cependant pour suivre un traitement adéquat, il faut d’abord accepter la maladie, reconnaître qu’on est malade pour prendre ses médicaments à vie comme une personne vivant avec le VIH ou un diabétique », tels sont les propos de Jacqueline qui assume sa maladie.
C’est à l’âge de 16 ans en classe de 3ème A4alld au lycée de Nkometou que les problèmes de Jacqueline commencent, classe d’examen et les multiples, matières à apprendre, ajouter à cela un nouveau-né entre les mains, Jacqueline à craquer, elle s’est retrouvée à courir dans la rue sans chaussures. Sa mère l’a arrêté pour l’emmener chez un prêtre exorciste, rien, qui l’a conseillé de l’emmener à l’hôpital Jamot car c’est un cas de maladie.
« Au départ on croyait que c’était la sorcellerie, on se disait qu’on ne voulait pas que j’aille à l’école. Le démon peut aussi s’installer pour que vous soyez agressif, ne suivez pas votre traitement, il suffit d’associer les prières avec la prise de médicaments et tout ira pour le mieux. Moi j’ai eu 5 enfants dans la maladie, je ne les ai pas eu dans la fornication, je les ai eu avec un même homme, nous ne sommes pas mariés à cause de sa famille ».
Jacqueline a rechuté suite au décès de sa mère, un véritable choc émotionnel. C’est depuis octobre 2020 qu’elle réside à l’hôpital Jamot. « Je suis aussi touchée moralement, quand je parle, les gens me sous estiment, me traitent de folle et disent que je ne peux pas parler devant les gens, ces mêmes personnes qui disent qu’on ne doit pas m’écouter alors que mes paroles sont bien cohérentes ».
Las d’être loin de ses enfants, la jeune dame de 30 ans souhaite sortir de l’hôpital le plus vite possible. Ses enfants restent avec leur père et il est temps qu’elle passe aussi le temps avec eux. Mais le plus dur pour elle est le suivi de son traitement. Ses médicaments sont évalués à 20 mille francs cfa, une somme pas du tout accessible pour elle. Abandonnée par sa famille, Jacqueline Belouma s’en sort avec les petits travaux ménagers. Elle prie le Seigneur chaque jour et sait que sa situation finira par s’améliorer un jour.