Depuis le 21 février et ce jusqu’au 25 février 2022, l’Hôpital de Référence de Sangmelima en collaboration avec les partenaires venant de la Belgique et la Faculté de Médecine et des Sciences Pharmaceutiques de l’Université de Douala organise une grande campagne de chirurgie laparoscopique à prix cadeau.
« L’organisation de ce workshop international vise à rapprocher l’Hôpital de Référence de Sangmelima des populations pour leur permettre de profiter au maximum de cet établissement hospitalier de 2ème catégorie dont le but est de dispenser des soins médicaux et médico-sanitaire de haute qualité aux populations d’ici et d’ailleurs », a déclaré le Pr Dominique Noah Noah, le directeur de l’Hôpital de Référence de Sangmelima.
En Afrique, les problèmes majeurs de la chirurgie sont les compétences, le plateau technique et la formation continue. Au regard des compétences, si la chirurgie abdominale est réalisée de manière routinière au Cameroun, certaines interventions lourdes ne sont pas couramment pratiquées faute d’un environnement technologique et d’un savoir-faire adapté. Il faut dire que la chirurgie minimale invasive ne s’est pas développée pour les mêmes raisons. Certains patients font ainsi régulièrement recours aux évacuations sanitaires à l’étranger pour avoir accès aux soins adaptés. A l’Hôpital de Référence de Sangmelima (HRS) l’équipe dirigeante a décidé de changer la donne de par sa vocation sous régionale avec un plateau technique de qualité supérieure et son personnel hautement qualifié. Pendant cinq jours donc des interventions sont réalisées en chirurgie générale et digestive, en gynécologie et en urologie.
Ce 23 février 2022, le président du comité de gestion André Noel Essian, à ses côtés les autorités administratives à l’instar du préfet du département du Dja et Lobo Damien Owono, le personnel de l’HRS, les patients, les hommes de médias ont suivi avec beaucoup d’attention en direct de la salle de réunion de l’hôpital de référence de Sangmelima une opération de l’appendicite sur une quinquagénaire, opération faite par le chirurgien le Dr Basile Essola, assisté par le chirurgien belge le Dr Jacques Landenne.
Le chirurgien belge Jacques Landenne éclaire actu24.info sur la chirurgie laparoscopique : « L’opération que vous venez de voir est une opération réalisée par chirurgie laparoscopique c’est-à-dire que ce n’est pas différent d’une chirurgie ouverte, c’est une autre voie d’abord avec beaucoup moins invasive, donc mini-invasive avec trois petits trous qui a permis d’enlever l’appendice malade chez une patiente. On essaie de développer cette technique dans tout le Cameroun. Le directeur de l’HRS nous a invité pour que nous lancions ce projet pas seulement au niveau des interventions digestives, mais aussi gynécologiques, urologiques et de chirurgie générale. On essaie de prouver tous les avantages immenses de la chirurgie laparoscopique qui permet au patient de partir plus vite, c’est un coût moindre, l’hospitalisation est à moindre coût, il y a moins de médicaments à payer, la reprise du travail est évidemment beaucoup plus rapide et on a la possibilité de faire beaucoup plus de choses dans le ventre à partir de 3 à 4 petits trous. Le but est de développer cette chirurgie laparoscopique pour la population locale à travers le Cameroun ».
Le Dr Basile Essola qui a fait l’opération de l’appendice sur la quinquagénaire parle du contexte du workshop international : « Nous sommes déjà ici dans le cadre de formation, on aimerait que les gens aient la compétence de pouvoir le faire un peu partout. Nous sommes également dans la lutte contre les évacuations sanitaires, que les patients ne cherchent pas à faire ce genre d’interventions à l’extérieur parce que ça coûte beaucoup plus cher. Théoriquement pendant l’opération vous avez vu qu’on n’a pas utilisé un matériel très spécial, on a utilisé un fil pour pouvoir ligaturer l’appendice à la base pour éviter justement le surcoût, ce qui veut dire que le coût de cette opération peut être similaire à une chirurgie classique. L’utilisation de cette technique comme moyen diagnostic, c’est ce que nous avons fait car on avait pas le diagnostic précis de l’appendice en préopératoire, elle a fait un examen, une échographie qui n’a pas montré l’appendice, cela ne veut pas dire que l’appendice n’était pas malade, on a donné des antibiotiques de manière aveugle, et on s’est dit qu’il faut faire une laparoscopie exploratrice, au lieu d’ouvrir largement pour voir ce qui se passe dans le ventre, on est plutôt allée avec la caméra pour faire le diagnostic et le traitement en même temps, donc c’est un moyen diagnostic et thérapeutique, voilà encore un avantage de la chirurgie laparoscopique».
La laparoscopie pourra donc être utilisée dans certaines circonstances comme un outil diagnostic et thérapeutique. Cette approche mini invasive permet ainsi d’alléger les soins post opératoires par une réduction de la médication et une réhabilitation précoce. Pour maintenir les connaissances en éveil, des formations continues seront périodiquement organisées afin non seulement de présenter les résultats de la mise en œuvre de la formation reçue dans différents hôpitaux nationaux et internationaux mais aussi de les confronter à ceux de la littérature scientifique dans son évolution sous forme de symposium workshop et congrès.