Né le 11 juin 1937 à Dschang, le fils, beau-fils, époux, père, grand-père, arrière-grand-père, le Patriarche André Mo’o Tegni Tchoudjou Dongmo passe de vie à trépas le 12 décembre 2022 des suites de maladie à Yaoundé. Son dernier voyage a débuté ce 04 janvier par sa levée de corps au Centre Hospitalier Universitaire (CHU). Une levée de corps courue.
Trois prêtres mobilisés pour la circonstance, l’Abbé Hervé Jamga, prêtre à Mvolye à la maison Nazareth ; l’Abbé Ambroise Ambara Ntida curé de Nkilzok, Père Henri Fouda curé du Saint Esprit de Mvolye. Dans son homélie, l’Abbé Hervé Jamga est clair : « Devant le tribunal divin, les pleurs ne changent rien. Je vous raconte une petite histoire, un fils unique décédé donc la maman a eu une vision après plusieurs semaines, dans une vallée de larmes avec de la boue, dans la tristesse, alors que d’autres enfants sont au sommet de la colline dans la lumière. La maman s’adresse à son enfant, mon enfant que fais-tu là dans la boue et la tristesse ? Pourquoi n’es-tu pas avec les autres enfants au sommet dans la lumière ? Et à l’enfant de répondre que ce sont tes larmes qui m’empêchent de grimper, chaque fois que je veux grimper je glisse sur cette colline à cause de tes larmes et je me retrouve toujours au fond de la vallée, cesse de pleurer et mets-toi en prière. La maman s’exécute et peu de temps après, elle a la vision de cet enfant au sommet de la colline dans la lumière».
Une histoire édifiante qui enseigne aux personnes éprouvées que les larmes de la tristesse ont leur limite car il y a un temps pour pleurer, il y a un temps pour prier. Et ils étaient nombreux pour rendre un dernier hommage au Patriarche André Mo’o Dongmo qui en 1966 fis deux concours, le concours de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) et celui de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM). Admissible aux deux, André Dongmo opta pour l’ENS alors que tout le monde lui disait de choisir l’ENAM. Il déclara : « J’ai cru, je crois et je croirais toujours qu’une bonne éducation constituent le meilleur don que les parents doivent offrir à leurs enfants. Donne à ton enfant une villa, il peut la brader, donne lui un terrain, il peut le brader également, mais il ne peut jamais brader son doctorat en médecine, il ne peut jamais brader les vertus d’honnêteté, du sens du travail bien fait qu’on lui aura inculqué ».
Un amour pour l’enseignement reconnu par l’Etat, et ce jour le ministre de l’Education de Base, Laurent Serge Etoundi Ngoa au nom du Président de la République, en vertu des pouvoirs qui leur sont conférés, ils l’ont élevé à la dignité d’Officier de l’Ordre de la Valeur à titre posthume. Le ministre Laurent Serge Etoundi Ngoa ne l’a pas connu mais retient une chose : « Il a travaillé dans mon ministère, quand j’ai parcouru son dossier, son parcours est exceptionnel, monsieur Dongmo est l’un des bâtisseurs du secteur éducatif camerounais, c’est eux qui ont bâti notre système éducatif actuel ».
La tristesse était à son comble, c’est en pleurs que l’une de ses filles Solange Calypso Dongmo epse Mbengmo fait son témoignage à actu24.info : « C’est trop dur, papa ne nous a pas appris à vivre sans lui, il était trop proche de nous jusqu’à la dernière seconde. Notre papa était tout pour nous, il poussait les mamans à côté et faisait leurs tâches. Quand nous étions hospitalisés c’est papa qui dormait avec nous. C’est une famille de centenaire on ne pouvait pas imaginer que notre père nous quitterait à 85 ans ».
Autre témoignage de l’une de ses filles, Clémence Dongmo Mbumbia epse Chaintreuil : « Notre père nous a éduqué dans la droiture, il était honnête, ne parlait pas beaucoup, mais rien qu’au regard on comprenait ce qu’il voulait dire ».
Polygame, l’homme avait deux femmes et quinze enfants. Un homme qui a su gérer sa polygamie car lorsqu’on entrait chez lui, on ne pouvait pas imaginer que ces enfants avaient des mères différentes, ils étaient vraiment unis.
Un de ses fils Lesage Dongmo reconnaît que son père lui a tout donné, qui l’a pétri, l’a formé, l’a moulé dans un vrai moule : « On essaie de garder cette valeur de rectitude, de travail de dur labeur, se lever tôt, se coucher tard ».
A côté de Lesage Dongmo, son beau-frère Flavien Guetsa Kamanou, beau fils du défunt qui s’est confié lui aussi à actu24.info : « Son œuvre ce sont les hommes, voici un grand garçon, il en a fabriqué au moins une centaine de très haut niveau, il y en a des milliers qui retrouvent aujourd’hui leur place dans la vie, dans la société grâce à ses conseils et à sa formation de base. Merci à toutes les personnes qui nous assistent, cela restera dans notre esprit un message d’honneur à un homme d’honneur. C’est une référence qui nous quitte. Nous nous tournons aussi vers le Seigneur pour lui dire merci ».
Ce philosophe, grand penseur, papa au grand cœur, que la famille n’oubliera pas de sitôt sera inhumé le 06 janvier 2023 à Nkoho – Bafou par Dschang.