Les 3e et 4e sessions ordinaires de l’Assemblée générale des Commissaires de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) se tiennent deux jours successifs au Palais des Congrès de Yaoundé après celle de l’assemblée générale extraordinaire du 30 mars dernier dédiée à l’adoption du règlement intérieur.Occasion pour les participants de réfléchir sur des questions administratives, budgétaires voire d’ordre pratique.
La Commission des Droits de l’Homme du Cameroun a une vision, elle doit être la structure de référence en matière de droits de l’homme avec des valeurs telles que le professionnalisme, l’intégrité, l’objectivité, l’efficacité, l’engagement et la performance.
Le président de la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun ( CDHC) James Mouangue Kobila est plutôt confiant quand il parle de l’état des lieux des droits de l’homme au Cameroun : « Nous constatons que les camerounais s’intéressent et sont de plus en plus sensibles à la question des droits de l’homme, nous remarquons que les autorités à qui nous adressons les recommandations sont de plus en plus réceptives. Plusieurs recteurs des universités d’État ont diffusé des messages forts pour annoncer à leurs étudiants la mise en place du numéro vert de la Commission et les inciter à dénoncer les violations des droits de l’homme. Nous sommes convaincus que ces actions de promotion des droits de l’homme contribuent fortement à endiguer et à réduire les violations. Nous avons intensifié nos visites dans des lieux de privation de liberté, nous sommes passés de 176 en 2021 à plus de 370 en 2022, c’est dire que la situation des droits de l’homme au Cameroun est entrain de s’améliorer, nous apercevons du reste des signaux qui se confirment de plus en plus d’une accalmie sur le terrain au Nord-Ouest et au Sud-Ouest ».
Lors de son discours d’ouverture, le président de la CDHC précise : « Après l’année 2021 qui a surtout été une année d’imprégnation pour la toute première équipe de responsables et de commissaires de la CDHC, à compter de leur entrée en fonction à la suite de la prestation de serment des quinze commissaires devant la formation des Chambres réunies de la Cour suprême le 29 avril 2021, l’année 2022 a été une année de prise en mains des Commissaires. En empruntant le langage aéronautique, l’on peut dire que l’année 2021 a été celle des préparatifs du décollage, l’année 2022, celle du décollage et que l’année 2023 qui s’annonce sera celle de la vitesse de croisière ».
Il faut dire que l’année 2022 qui s’achève a néanmoins été marquée par une intense activité de cette nouvelle équipe, des réglages administratifs pour optimiser la performance des services du secrétariat permanent, avec le plus important redéploiement du personnel jamais observé dans l’institution nationale des Droits de l’homme (INDH) du Cameroun. En ce qui concerne les activités menées, il faut d’emblée reconnaître que l’activité remarquable de la CDHC en 2022 a été rendue possible grâce à l’appui des hautes autorités de l’État, qui ne cessent de concrétiser leur volonté de doter la nouvelle l’institution nationale des Droits de l’homme (INDH) du Cameroun de ressources progressives et croissantes afin de lui permettre de remplir sereinement son triple mandat de promotion et de protection des Droits de l’homme ainsi que de prévention de la torture dans tous les lieux de privation de liberté.
La CDHC a également bénéficié cette année d’un don en équipements du ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire composé d’un groupe électrogène, de huit microordinateurs (desktop), deux vidéoprojecteurs, quinze fauteuils directeurs, cinq fauteuils visiteurs, trois aspirateurs, dix cafetières et deux fours micro-ondes. De même, le Programme des Nations Unies pour le développement a fait don à la Commission d’équipements composés de matériels bureautique et électronique (sept bureaux, six climatiseurs et quinze stores), de matériel informatique (une imprimante permettant le déchiffrage du braille, quinze ordinateurs portables, quinze anti-virus) et d’un important fonds documentaire (510 ouvrages thématiques), d’une valeur globale de 27 millions 898 mille 500 FCFA.
Au regard de la protection des droits de l’homme, le bilan de la Commission en 2022 en dit long. L’un des succès emblématiques dans ce domaine est la mise en service, le 28 juillet 2022, du numéro vert de la CDHC, le 1523 et sa diffusion auprès de tous les utilisateurs du réseau de téléphonie mobile de l’opérateur Orange Cameroun par SMS en anglais et en français.
Cette ligne d’utilité publique gratuite, fonctionnelle, sécurisée et totalement confidentielle, adossée sur un numéro CAMTEL et accessible à partir de tous les opérateurs de téléphonie fixe et mobile exerçant au Cameroun, permet à la CDHC de mieux remplir ses missions de protection des Droits de l’homme. Cette mission vise, au sens de l’article 6 de la loi habilitant de la CDHC, à « contribuer à la consolidation de l’État de droit et à la lutte contre l’impunité en matière de Droits de l’homme ». Le numéro vert permet à tous les habitants du pays de dénoncer des cas de violations des Droits de l’homme, d’exprimer le cas échéant leurs inquiétudes quant à la jouissance de leurs Droits, ou simplement de s’informer sur les missions et sur les activités de la Commission. Cette initiative, très favorablement accueillie par les pouvoirs publics, les partenaires de la Commission, la presse, les Organisations de la société civile (OSC) et par les citoyens porte déjà des fruits.
C’est le lieu de préciser que 223 des 303 cas de violation des Droits de l’homme dont la CDHC a été saisie à travers le numéro vert ont déjà été traitées ou sont en cours de traitement. Parmi ces affaires, 34 ont connu un aboutissement remarquablement heureux, donnant lieu à des success stories. C’est dire le traitement diligent réservé à ces requêtes verbales reçues à travers le numéro vert de la Commission.
Pour mener à bien ses missions en implémentant de nouvelles stratégies, la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun grâce à ses actions sur le terrain a réussi à obtenir un budget de 3 milliards 946 millions F CFA pour l’exercice 2023 (dont 2 milliards 996 millions pour le fonctionnement et 950 millions pour l’investissement), soit une augmentation de 700 millions de francs CFA (500 millions pour le fonctionnement et 200 millions pour l’investissement) en valeur absolue par rapport au budget 2022, ce qui représente 21, 56 % en valeur relative.
L’année 2023 pour la CDHC s’annonce avec les défis de finaliser et publier leurs premiers rapports annuels, mais aussi et surtout de préparer à passer avec succès par le rigoureux processus d’accréditation de l’Alliance mondiale des INDH en mars 2024, l’enjeu étant de conserver leur prestigieux statut « A », label des INDH conformes aux principes de Paris.
Mais il leur faut surtout continuer d’aller de progrès en progrès dans l’accomplissement de leurs missions de promotion, de protection des Droits de l’homme, ainsi que de prévention de la torture.
Ils poursuivront à n’en point douter activement le processus de mise en place de leur institution, ils continueront de travailler, fort de l’expérience acquise au fil des 18 premiers mois de la CDHC.