C’est ce qui ressort du rapport sur l’état de la population mondiale 2022 qui a pour point culminant « Comprendre l’imperceptible – Agir pour résoudre la crise oubliée des grossesses non intentionnelles ». Rapport rédigé par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) qui bénéficie de l’appui institutionnel du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT).
Le rapport sur l’état de la population mondiale 2022 soulève une question déconcertante, que nous apprend ce constat sur nos valeurs, nos priorités, notre avenir ?
Il n’est pas rare qu’une femme ou une fille non mariée, lorsqu’elle est confrontée à une grossesse non intentionnelle soit perçue comme une « irresponsable » ou une « femme de petite vertu ». Pour bon nombre d’entre elles, cette humiliation, en plus d’entacher leur réputation, rejaillit également sur l’honneur de leur famille. Quant aux femmes mariées, on croit souvent qu’elles portent forcément en elles un désir d’enfant, qu’elles sont censées tomber enceintes, ou tout au moins qu’elles seraient capables de gérer une grossesse non intentionnelle, oubliant par-là de considérer leurs choix et leurs aspirations.
Le rapport souligne que 60% des grossesses non intentionnelles aboutissent à un avortement. Les meilleures estimations disponibles à ce jour indiquent que 45% des avortements ne seraient pas médicalisées, or ces avortements représentent l’une des principales causes de mortalité maternelle dans le monde et conduisent à l’hospitalisation de millions de femmes chaque année.
Paul Tasong, ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire précise que le rapport sur l’état de la population mondiale 2022 a un thème qui interpelle la société : « Le rapport fait un focus sur les grossesses non intentionnelles. Le constat qui a été fait est que les jeunes filles et certaines femmes qui sont victimes de ces grossesses non intentionnelles courent un risque personnel sur leur santé, et constituent une perte non négligeable pour l’économie nationale. Vous savez que le sexe féminin constitue la majorité de la population, et lorsque cette frange de la population mise à risque c’est l’ensemble du développement du pays qui en paie le prix ».
Sur les millions de grossesses intentionnelles enregistrées chaque année, beaucoup sont accueillis avec joie. D’autres bien que sources de peur ou d’inquiétude dans un premier temps, donnent finalement naissance à un enfant sincèrement aimé, pour le plus grand bonheur de ses parents ? Un enfant né d’une grossesse non intentionnelle est un individu dont la valeur, la dignité et les droits fondamentaux doivent être reconnus. Cependant on devrait garder à l’esprit qu’une grossesse intentionnelle peut être le point de départ d’une spirale de conséquences négatives se répercutant sur plusieurs générations.
Noémi Dalmonte est la représentante résidente adjointe du Fonds des Nations Unies pour la Population, elle propose trois plaidoyers principaux au Cameroun pour les politiques et la mise en œuvre de ces politiques pour la problématique des grossesses non intentionnelles : « Au sein des familles, les grossesses non intentionnelles ne devraient plus être stigmatisées, il ne devrait plus avoir de blocage pour ce fait qui existe, c’est une crise imperceptible, une crise silencieuse, il faut sensibiliser les membres de la famille quand une jeune fille se retrouve avec une grossesse non planifiée, on doit l’accepter. Autre proposition c’est l’investissement de la planification familiale, y compris dans l’éducation et dans la formation visant surtout la jeunesse, avec les investissements majeurs sur la planification familiale afin d’espacer mieux les grossesses, réduire la mortalité maternelle, puis troisième axe d’intervention, renforcer la lutte contre l’impunité, surtout les violences sexuelles ».
Il faut donc renforcer le pouvoir d’agir, la communauté internationale doit cesser de considérer les grossesses non intentionnelles comme un phénomène acceptable, inévitable ou même souhaitable. La voie à suivre est claire, renforçons les systèmes de santé et les systèmes éducatifs. Garantissons des moyens de contraception abordables et accessibles à tous, en proposant davantage des solutions contraceptives masculines ; enfin faisons évoluer les normes qui ont rendu cette crise invisible alors qu’une grossesse sur deux n’est pas intentionnelle.