Le ministre de la santé publique Manaouda Malachie a tenu à Yaoundé un point de presse ce 12 octobre 2021, date à laquelle on célèbre la journée africaine de lutte contre le faux médicament qui avait pour thème : « lutte contre le faux médicament, une responsabilité de tous », pour sensibiliser une fois de plus la population et les acteurs sur les méfaits des médicaments de la rue et leurs responsabilités.
Au Cameroun les dépenses de santé sont principalement supportées par les patients et selon les comptes nationaux de la santé de l’année 2012, le médicament constitue l’un des pôles les plus élevés des dépenses de santé des ménages, 50% environ. Les dépenses en santé relatives à l’achat des médicaments dans la rue s’élevaient à 33 milliards deux cent millions de francs cfa soit 7% des dépenses en santé au cours de la même année.
La contrefaçon et le trafic illicite des produits pharmaceutiques revêtent plusieurs visages notamment la distribution en gros ou au détail des médicaments non homologués ; la fabrication, l’importation, la distribution en gros ou en détail de médicaments par des personnes non habilitées ; la fabrication illicite de pseudos médicaments dans des unités de production non autorisées ; la commercialisation des médicaments dans des espaces publics tels que les marchés, la rue, les véhicules de transport public, les bureaux et même dans les domiciles privés ainsi que des formations sanitaires clandestines où leur qualité n’est ni suivie, ni garantie par les pouvoirs publics pis encore le risque de circulation des faux médicaments dont les contrefaits sont très élevé, sans oublier la fabrication des dates de péremption et le recyclage des stocks de médicaments périmés.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 116 000 décès en Afrique Subsaharienne seraient dus à la consommation des faux produits. Les fléaux de « faux médicaments et de trafic illicite des produits pharmaceutiques » constituent donc un véritable problème car les malades dépensent pour des médicaments qui n’ont aucun effet bénéfique ou pire encore, sont nocifs voire mortels. Les médicaments qui contiennent l’ingrédient actif en quantités infra thérapeutiques alimentent par ailleurs la résistance aux médicaments antibiotiques, antipaludiques et autres. Ces faux médicaments du fait des impuretés qu’ils contiennent aggravent la santé des populations en engendrant des maladies chroniques telles que des insuffisances rénales, hépatiques, cardiaques etc. Le système de santé et les professionnels de santé perdent par conséquent de leur crédibilité auprès des populations et le gouvernement semble dépasser par la situation étant donné que s’il passe à la phase répressive, c’est bon nombre de responsables de famille qui se retrouveront au chômage. Que fera donc le gouvernement pour les positionner dans une autre activité ? Qui les ravitaille en médicaments ? On comprend donc qu’en réalité, ces vendeurs de médicaments de la rue fonctionnent avec l’Etat. Depuis combien d’années lutte-t-on contre le médicament de la rue ? Jusqu’à ce jour aucun résultat concret car le gouvernement est conscient de l’impact de faire disparaître le médicament de la rue lorsqu’on sait que la majorité des individus n’a pas la possibilité de se procurer des médicaments dans les officines réglementées au regard du coût de vie qui ne cesse de croître.
Malgré ces difficultés, le ministre de la santé publique a profité de la tribune de ce jour pour réaffirmer l’option de « tolérance zéro » du gouvernement vis-à-vis du médicament de la rue. Manaouda Malachie invite d’ailleurs les professionnels de la santé en général et ceux du domaine pharmaceutique en particulier au respect de l’éthique, interpelle la population à prendre une part active à cette lutte en dénonçant tous les réseaux maffieux et les sites de fabrication de ces faux médicaments, en arrêtant la consommation des médicaments de la rue puis s’approvisionner dans les pharmacies des hôpitaux et les officines de pharmacie.
Au gouvernement donc de gagner ce combat en garantissant aux populations des médicaments de qualité à moindre coût car il ne sera pas facile pour des gens qui croupissent dans la pauvreté de respecter cet engagement.