La réduction des coûts de construction et de réhabilitation des infrastructures routières a été sur le tapis des échanges tenue au cours de la réunion de cabinet présidée par le Ministre des Travaux publics ce lundi 5 juin 2023. Il était question d’explorer les pistes proposées à travers l’utilisation des geosynthétiques dans les projets routiers et l’incidence de ces techniques sur la réduction des coûts des travaux.
L’exposé présenté par le Chef de la Division d’Appui aux Études techniques a permis de découvrir une quarantaine de projets routiers mettant en évidence des techniques geosynthétiques au Cameroun et d’apprécier une analyse comparative des coûts faite à cet effet. Les geosynthétiques sont des matériaux de plus en plus sollicités dans le génie civil et particulièrement pour les infrastructures routières. Ces matériaux sont abondamment utilisés dans les pays occidentaux, asiatiques et dans certains pays africains, notamment le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Gabon, le Rwanda, le Sénégal, le Ghana et l’Ouganda.
Il s’agit en général de matériaux constitués de polymères synthétiques généralement dérivés de matériaux plastiques, issus de la transformation des hydrocarbures tels que le polyamide, le polyéthylène, le polyester ou le polypropylène. Ils sont utilisés en contact avec le sol ou avec d’autres matériaux dans le domaine de la géotechnique et du génie civil. Les geosynthétiques sont réputés pour leur très forte résistance à la traction et leur durabilité prévisionnelle dans le sol, qu’il s’agisse du géotextile, du geosynthétique d’étanchéité et de la géocomposite. Ils peuvent ainsi remplir plusieurs fonctions dans la construction des infrastructures routières, tant en ce qui concerne la séparation dans les mélanges des sols, le renforcement, le drainage et la filtration, la protection et le contrôle de l’érosion de surface et la relaxation des contraintes.
Au Cameroun, la technique a été mise en évidence dans plusieurs projets jusqu’ici: la construction de la Transimex au Port de Douala et la réhabilitation de la route Babadjou-Bamenda. Au total, une quarantaine de projets étudiés dans le but d’identifier l’utilisation de cette technique. Sur les 44 projets étudiés, 05 projets ont été exécutés avec le choix des solutions geosynthétiques et 16 ont été réalisés avec des solutions classiques. Il convient en outre de relever que le Ministre des Travaux publics a instruit l’entreprise Arab Contractor, d’introduire la solution geosynthetique dans la structure de chaussée du projet de réhabilitation de la boucle de la Lékié, de même que pour le contournement de la pénétrante Nord de la ville de Yaoundé. Les travaux de réhabilitation de la Nationale 4 Yaoundé-Bafoussam-Babadjou, le lot Kalong-Tonga précisément, ont pris en compte cette technique, à travers la pose d’une géo-grille de renforcement anti-fissures entre la couche de base et celle de roulement, dans le but d’annihiler les remontées de fissures issues des couches sous-jacentes.
Si a priori on ne peut pas arguer que les geosynthetiques ne refusent pas remarquablement le coût de la construction routière, il faut relever qu’un impact considérable a été relevé en ce qui concerne le coût des travaux de terrassement et que le déficit en matériaux peut être solutionné par cette technique. Le tableau comparatif présenté par le Chef de la Division d’Appui aux Études techniques a souligné que l’utilisation des solutions geosynthetiques peut générer une réduction des coûts de 18 à plus de 60% sur certains ouvrages géotechniques. Des résultats similaires avec économie significative sont observés dans la majorité des études comparatives effectuées entre les solutions classiques usuelles et celles avec géosynthétiques. Tel est le cas du projet de construction de la route Mengong-Sangmelima, où une étude d’optimisation du traitement de 575ml de zones marécageuses par les géolocalisation grilles avait permis d’obtenir une économie de 982 737 429 fcfa, une solution qui n’a malheureusement pas été retenue dans l’exécution du projet. Il faut en outre préciser que la réduction des coûts ne s’opère pas seulement sur les terrassements, elle doit aussi être abordée dans les structures de chaussée qui constituent 40% du montant des travaux. Le Ministre des Travaux publics a instruit le prolongement de cette étude en cours, dans le but d’aboutir à la prise en compte de ces techniques dans la mise en œuvre des projets routiers.
La réduction des coûts de construction et de réhabilitation des infrastructures routières constitue une préoccupation majeure du gouvernement. Elle s’impose dans notre contexte actuel marqué par la rareté de la ressource financière, leur rationalisation et la densité du réseau routier.