Les partenaires scientifiques et techniques du projet ARIACOV se sont retrouvés durant deux jours à Yaoundé, la capitale du Cameroun au cours d’un atelier de restitution pour réfléchir sur la diffusion réelle du virus SARS-CoV-2 sur les populations de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ; comment les populations africaines ont vécu cette nouvelle maladie ; ce qu’elles ont appris du retour de l’expérience Ouest et Centre africain de l’épidémie de COVID-19.
Plus de cent participants venant du Bénin, du Ghana, de la Guinée Konakry, de la République Démocratique du Congo, du Sénégal, du Cameroun ont analysé les enjeux socio-politiques de la COVID-19 en mettant en place des politiques de lutte contre cette épidémie.
Parmi les participants Frédéric Le Marcis, professeur en anthropologie à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, par ailleurs directeur de recherche à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) en accueil au CERFIG, vient de la Guinée, il était accompagné de l’équipe de sciences sociales du CERFIG (Centre de Recherche et de Formation en infectiologie de Guinée) avec trois doctorants qui ont présenté des enquêtes qu’ils ont mené sur la COVID. Quant à lui, il a fait une communication sur la question de la vaccination et la façon dont les agents de santé en Guinée ont perçu les politiques de vaccination COVID.
Au terme de la restitution actu24.info a rencontré Frédéric Le Marcis : « ARIACOV c’est la réponse de la France aux enjeux de la COVID en Afrique, c’est un programme financé par l’AFD (Agence Française de Développement) géré par l’IRD, qui consiste à soutenir le développement de recherche à la fois en sciences de la santé, en sciences biologiques et en sciences sociales sur la COVID. En fait il s’agissait de soutenir la réponse des Etats africains à la COVID en développant des compétences d’analyses de laboratoire, en fournissant du matériel dans les laboratoires qui en avaient besoin. Que retenir donc ? Pour construire une bonne réponse à l’épidémie, il faut développer des activités de recherche, il y a des compétences dans le continent africain, dans les divers pays où nous avons travaillé, des compétences de recherche sur lesquelles on doit pouvoir s’appuyer. Ces chercheurs ont montré que grâce aux connaissances produites par la recherche, on peut affiner les politiques de lutte contre les épidémies et prendre en considération de façon plus systématique les contextes. A savoir qu’une politique de lutte contre l’épidémie ne peut pas s’appliquer à travers la planète de la même façon, on doit prendre en considération notamment l’impact de l’épidémie sur les populations, la façon dont ces populations perçoivent l’épidémie en fonction des contextes historiques et politiques, c’est tout cela qui a contribué au projet ARIACOV, bref mieux comprendre l’épidémie et mieux la contextualiser ».
Selon l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé, l’on a enregistré plus de 600 millions de cas dans le monde : 2% de cas viennent de l’Afrique,64% en Afrique du Sud ; 3% de décès viennent de l’Afrique, 74% en Afrique du Sud ; 5 vagues de plus en plus courtes. Au cours de cette restitution, les participants ont pu constater que le continent noir n’est pas le plus touché malgré l’apparition de nouveaux variants, seulement trois pays ont plus de 40% de seuil de vaccination. Il faut dire que le Cameroun reste l’un des 5 pays les moins vaccinés en Afrique, soit un taux estimé à 11%. A cet effet, l’OMS accompagne l’Afrique dans la détection des cas/testing communautaire, la séquençage, l’appui infrastructurel, information des politiques avec pour défi un faible taux de vaccination et les infrastructures.
L’enquête ARIACOV a donc permis d’appuyer la riposte africaine à l’épidémie de Covid 19 par le renforcement des capacités en diagnostic des laboratoires nationaux de référence, éclairer les décisions de santé publique par la production des connaissances scientifiques probantes sur la dynamique de l’épidémie et en science humaine et sociale.
Depuis juin 2020, le projet ARIACOV, financé par l’AFD, coordonné par l’IRD et mis en œuvre dans six pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre par les laboratoires et structures de recherche nationale, a permis de renforcer les capacités de diagnostic moléculaire et sérologique du virus SARS-CoV-2 ; de conduire des travaux de recherche opérationnelle en épidémiologie et sciences humaines et sociales ; d’accompagner et de former des professionnels aux enjeux posés par cette épidémie puis remonter les résultats des recherches auprès des acteurs de la santé publique nationaux et régionaux.
Au Cameroun, le projet ARIACOV a été porté par le Centre de Recherche sur les Maladies Emergentes et Ré-émergeantes (CREMER), la Division de la Recherche Opérationnelle de la Santé (DROS), le site ARNS/MIE Cameroun et l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC) pour produire par la recherche opérationnelle des données de santé publique.