En France, les agriculteurs se demandent s’ils pourront fertiliser leurs champs au printemps. Les prix des engrais azotés ont triplé en quelques mois, ils suivent la hausse du prix du gaz.
Il y a un an, l’engrais liquide azoté valait 165 euros la tonne, aujourd’hui son prix frôle les 800 euros. Du jamais vu. L’envolée du prix du gaz en est la grande responsable.
Pour fertiliser leur champs et obtenir le meilleur rendement de leur semence, les agriculteurs ont recours à trois types d’engrais : soit une solution liquide azotée, soit de l’ammonitrate ou de l’urée sous forme de granulés. Mais tous ont besoin du même composant, l’ammoniac obtenu en combinant l’azote de l’air et l’hydrogène provenant du gaz naturel. Près de 80% du coût de production de l’ammoniac est en effet lié à l’utilisation du gaz.
Crainte d’une pénurie
Très dépendante du gaz russe, dont le prix ne cesse d’augmenter, l’Europe et ses fabricants d’engrais se trouvent en première ligne. Pour réduire leurs coûts de production, ils fabriquent moins, ce qui fait craindre aux agriculteurs une pénurie. Le groupe norvégien Yara a réduit de 40% sa production d’ammoniac et le chimiste allemand BASF a annoncé une réduction de sa production dans son usine d’Anvers, en Belgique. De plus, à cette offre réduite vient s’ajouter la hausse du prix du fret qui lui aussi a triplé depuis le début de l’année.
Au regard de ce contexte inflationniste, les grands céréaliers évaluent au minimum à 4 milliards d’euros le surcoût pour l’agriculture française, premier producteur de l’UE. Ils demandent au gouvernement de lever les taxes douanières qui frappent les importations de produits azotés depuis 2019.
Cette crise jette une lumière crue sur la dépendance de l’agriculture traditionnelle aux engrais minéraux qui ont permis de doper les rendements. Des alternatives existent, notamment en agriculture biologique, avec l’épandage d’azote organique sous forme de fientes de poules notamment, ou la culture de luzerne qui fixe de l’azote dans le sol.
SOURCE : RFI