Au regard des multiples coupures intempestives d’électricité subies par les populations des zones urbaines et rurales, conscients des dégâts que ces délestages commettent au sein des ménages, des activités commerciales, pis encore dans les structures hospitalières, le Top Management de l’Hôpital de Référence de Sangmélima (HRS) a eu l’ingénieuse idée de s’approprier à fonds propres une mini centrale solaire photovoltaïque au sein de l’institution hospitalière.
Inaugurée par le préfet du département du Dja et Lobo ce 09 juin 2022 à Sangmélima, dans la région du Sud Cameroun, la mini centrale solaire photovoltaïque a été mise sur pied pour mettre fin à une situation qui a longtemps perturbé le fonctionnement de l’hôpital mettant à mal la dispensation des soins, la qualité des prestations, la maintenance des équipements, mais surtout le confort des malades.
Le directeur de l’hôpital de Référence de Sangmélima, le Pr Dominique Noah Noah dans son mot de circonstance précise : « La perturbation chronique de la fourniture de l’énergie électrique et même les fréquentes variations de débits et d’intensité du courant électrique ont constitué pendant longtemps un obstacle majeur à la qualité des prestations dispensées dans notre hôpital, mettant à mal le fonctionnement et la maintenance de nombreux équipements. Une solution alternative de fourniture d’énergie stable et efficace devenait un impératif pour l’amélioration de la qualité des soins afin de s’arrimer aux objectifs de la Stratégie Nationale de Développement SND 30 ».
Pour le préfet du département du Dja et Lobo Damien Owono, la mise en place de la mini centrale solaire à l’HRS est à saluer : « Nous avions quelques soucis en alimentation en courant électrique, notre présence ce jour trouve son fondement en cette préoccupation. Nous voulons à juste titre saluer l’investissement que nous inaugurons ce jour. Nous voulons surtout saluer le dynamisme de la nouvelle équipe et la collaboration franche, très étroite entre le président du Comité de Gestion et le directeur de l’hôpital. La mini centrale solaire va permettre un meilleur rendement au personnel de l’HRS mais surtout un meilleur entretien pour les appareils qui sont essentiellement électriques. C’est avec une grande émotion que nous avons présidé cette inauguration, nous recommandons au directeur de l’HRS et au président du comité de gestion d’en faire bon usage ».
Parlant de la mini centrale solaire photovoltaïque, c’est une source d’énergie électrique de secours capable de résorber en cas de défaut d’énergie électrique et de façon automatique la fourniture en énergie des services sensibles de l’HRS, à savoir les urgences, la maternité et le service de gynécologie ; la pédiatrie et la néonatologie ; le bloc opératoire ; la médecine interne et la chirurgie ; les consultations externes ; l’imagerie ; la caisse session et la caisse pharmacie ; l’administration générale. Annoncé au départ à 15 KVA, la structure MACNEOM a relevé les capacités de la mini centrale à 60 KVA pour résoudre 50% des besoins énergétiques des services sensibles de l’hôpital en cas de coupure d’énergie électrique.
Il faut dire que par rapport à d’autres centrales solaires, la mini centrale solaire de l’HRS bénéficie des dernières avancées technologiques du domaine du photovoltaïque. Le stockage d’énergie bénéficie de la technologie MPPT pour sa recharge. De jour comme de nuit, grâce à la combinaison du système de recharge des batteries pendant la présence du courant électrique et pendant la journée à travers le champ photovoltaïque qui lui est raccordé, l’activité du champ solaire commence à 6h15 pour se terminer à 18h45 cédant ainsi la place au système de réserve d’énergie dont la durée à pleine puissance est d’environ 11h, suffisante pour atteindre la journée suivante.
Joseph Landry Engoulou est ingénieur en génie électrique spécialisé en énergies renouvelables. Le chef du projet nous édifie sur cette mini centrale solaire photovoltaïques : « Ce projet est une source d’autonomie, de secours qui permet à l’HRS de résorber 50% des défaillances énergétiques, c’est-à-dire lorsqu’il y a coupure, le système prend automatiquement le fonctionnement sans interruption, vous ne vous rendez pas compte qu’il y a eu coupure. Le système bénéficie des dernières avancées de la technologie, notamment en termes de recharge de batteries. Vous savez que le système peut fonctionner en journée car il y a le soleil, mais dans la nuit le système doit être capable de prendre le relais en l’absence du soleil. A la tombée de la nuit les batteries doivent être rechargées. En fait, le solaire fonctionne exactement comme si vous avez un puits, vous avez un sceau qui le puise, vous avez une réserve. En journée le puits représente le soleil, la réserve représente les batteries. Il faut donc puiser le solaire pendant la journée, le stocker pour que dans la nuit lorsqu’il y a coupure, le stockage puisse prendre le relais ».
L’Hôpital de Référence de Sangmélima s’arrime ainsi à la haute technologie, avec cette mini centrale solaire photovoltaïque, même si ENEO coupe la lumière pendant 7 jours, l’HRS ne sera point inquiété étant donné que l’hôpital fonctionne à ce moment-là sous énergie solaire.
Le projet a duré trois mois, selon le chef du projet : « Il y avait trois compartiments, il fallait harmoniser les choses en optimisant le système parce que nous sommes en Afrique, nous sommes à l’équateur. Et même si nous sommes en équateur, pour avoir une optimisation de l’énergie, il faut l’orienter plein sud, mais il faut utiliser un angle de déviation et optimal par rapport à l’inclinaison du soleil, il fallait d’abord mettre en place un système de captation de soleil qui est le champ photovoltaïque, l’orienter bien sûr, s’assurer que l’angle de déclinaison est optimisée avant de pouvoir transporter cette énergie pour la stocker. Nous avons fait un mois pour mettre en place le champ solaire, un mois pour mettre en place l’unité de conversion et un mois pour harmoniser, raccorder l’hôpital au système en place ».
Quant au coût du projet, du président du comité de gestion au directeur de l’hôpital en passant par le chef du projet de la mini centrale solaire ne se sont pas prononcés sur les chiffres.
Cette mini centrale solaire photovoltaïque est une véritable bouffée d’oxygène pour le personnel de l’HRS. Témoignage du Dr Gilles Martin Londji, chirurgien cardiaque, par ailleurs conseiller médical : « Cette énergie renouvelable vient à point nommée avec la bénédiction du comité de gestion par son président et l’accompagnement du ministre de la santé publique. Cette mini centrale nous permettra d’assurer surtout la sécurité des patients dont nous avons la charge, surtout les patients de la néonatologie, les couveuses qui doivent être soutenues avec des radiantes, l’oxygène parfois, des patients aux urgences qui doivent toujours être sous scope, des scopes qui sont paramétriques et qui ont besoin de source d’énergie pour une surveillance rapprochée du patient en situation critique ».
La non intervention des opérations chirurgicales, la non assurance des services de l’imagerie médicale, le non fonctionnement des appareils au bloc opératoire sont désormais dans le rétroviseur. Avec l’apport de la mini centrale solaire, le personnel pourra désormais optimiser la prise en charge des patients.